12 mars 2024

Loups ils sont - Leur retour en France

 

En 2014, LAEO France a rejoint CAP Loup, un collectif de 40 associations unies pour agir en faveur de la protection du loup, pour assurer la présence de l’espèce en France et permettre la cohabitation entre le loup et les activités humaines.
 
 Devant la multiplication des offensives menées contre la protection du loup par des représentants du monde agricole, du monde de la chasse et par certains responsables politiques de l’État ou de la Commission européenne qui souhaite modifier le statut de protection du loup au sein de l'Union, ces associations se sont regroupées pour agir de façon commune et avec plus d’efficacité en faveur de la protection du loup en France. 
 
 
Le 6 mars, à la demande du Comité des activités sociales interentreprises de la SNCF de Paris-Est, LAEO a donné une conférence devant adultes et enfants venus en apprendre davantage sur la présence du loup en France.
 
 
Noëlle Saugout, fondatrice de LAEO
Basée sur le livret Loups ils sont - Leur retour en France, de Ghislaine Letourneur, 
la conférence donnée par Noëlle Saugout 
et Célia Chevallier, a souligné l'importance 
des loups pour le bon développement 
de la biodiversité. 
 
Les explications données concernant 
le comportement général de l'espèce, que ce soit à l'intérieur de la meute ou en présence des activités humaines, ont suscité de nombreuses questions, principalement concernant le pastoralisme 
(l'élevage pratiqué sur des pâturages, et la relation entre les troupeaux et les milieux exploités).

Notre invité Thierry Decouttère, conservateur et berger bénévole pour le Conservatoire d'espace naturel, a conquis la salle en alimentant la conférence d'anecdotes diverses et variées.
 
 




Thierry, Pascale, Noëlle, Célia et Isabelle
 

 

  

L'équipe de LAEO remercie Pascale Bomin, la responsable des 6 bibliothèques de Paris-Est, et Isabelle Prévieux, la bibliothécaire du CASI de Château-Thierry, pour leur chaleureux accueil et l'intérêt qu'elles portent à la cause des loups.

 

 

 

Article de Noëlle Saugout-Septier
Membre des JNE

Pour nous soutenir ou nous contacter : https://www.helloasso.com/associations/laeo

 

02 février 2024

Bilan 2023

 

Depuis 18 ans, l'équipe de L'Association d’Écologie coOpérative (LAEO), fondée par Lawrence Anthony, continue sa mission de protection de la biodiversité.

Les actions de l'an passé se sont essentiellement axées autour de la protection du loup en France. Bien que l'espèce soit classée "vulnérable" sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature(UICN), la présidente de la Commission européenne songe à déclasser son statut. La réponse de CAP Loup, dont LAEO fait partie, ne s'est pas fait attendre (lire ici).
D'autres actions pour la protection animale, si chère à Lawrence Anthony, ont permis de soutenir Elephant Haven, Antidote Europe, le Refuge de l’arche, les Terres de Nataé, et de participer à la sauvegarde des blaireaux, des lézards verts, des amphibiens et des chats errants.

Une action de nettoyage de la nature, initiée par les Hauts-de-France a été suivie par notre équipe et la collecte de bouchons de liège, en partenariat avec la Fondation française du liège, se poursuit. Pour trouver un point de collecte, consultez cette page

Sur le plan de la sensibilisation, LAEO a été invitée au Salon du livre de Villers-Cotterêts et à un village sportif afin d'exposer les biographies de Françoise et Lawrence Anthony.
Plusieurs articles ont été postés sur les blogs de LAEO (LAEO Animal, LAEO Europe, LAEO France et/ou Défense d'éléphants, notamment sur les énergies renouvelables et le film Bienveillance paysanne.

Enfin, la reconnaissance de l'écocide en tant que crime contre l'humanité progresse grâce à certains pays européens comme la Belgique et les Pays-Bas qui se battent pour l'inclure dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Dans cette continuité, et comme chaque année, LAEO a célébré la Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé.

Vous souhaitez nous soutenir ou nous proposer un projet de protection de la nature ? Contactez-nous.

Article écrit par Noëlle Saugout-Septier
Fondatrice de LAEO France et membre des JNE


24 novembre 2023

Energies renouvelables

Éoliennes en Picardie (© Noëlle Saugout-Septier)

 

La part d'énergie renouvelable en France en 2021 est de 19,3 %. Elle a doublé depuis 1990, mais n'a pas atteint l'objectif de 23 % fixé avec l'Union européenne.

En France, l'éolien et le solaire ne sont pas les principales sources d'énergie renouvelable. D'après le SDES (Service de données et d'études statistiques pour le changement climatique), la biomasse arrive en tête avec 35,1 %, suivi de l'hydraulique (16,3 %), les pompes à chaleur (11,9 %), l'éolien (10 %), le biogaz (4,4 %), le solaire photovoltaïque (4,2%), les déchets renouvelables (4 %), la géothermie avec les résidus de l'agriculture, le solaire thermique et les énergies marines (3,8 %). 

Si la transition énergétique passe par l'électrification des usages (transports, production de chaleur), l'éolien et le solaire sont en plein développement, tout comme la géothermie (échange de chaleur avec la terre, un aquifère ou la mer) et le biogaz (la digestion de matière organique, essentiellement des déchets agricoles, générant le biométhane).

Les qualités de ces différentes sources dépendent de leur profil : elles peuvent être constantes (hydraulique) ou intermittentes (solaire), pilotables (bois), non pilotables (éolien) et générer des problèmes d'artificialisation, d'encombrement, d'impact visuel et environnemental, d'utilisation de matériaux critiques et de coût (en guise d'exemple, le tarif le plus bas du monde est de 0,0135 $/kWh) pour 2GW d'énergie solaire). En France, l'énergie la plus économique provient de l'extension et de la remise en état des usines nucléaires.

Concernant les énergies éoliennes et solaire, elles sont complémentaires : quand il fait beau, il y a moins de vent, et vice-versa, et leur intermittence est un défi à l'équilibrage du réseau électrique et à la gestion entre la production et la demande. Si les besoins étaient autrefois fournis par une adaptation de la production d'électricité (mise en route d'une centrale à charbon en cas de nécessité), il faut à présent considérer la variabilité des profils de consommation et miser sur le stockage.

Les développements des nouvelles solutions de flexibilité sont multiples : stockage par batterie à grande échelle, pilotage du chargement des voitures électriques, pilotage de la demande (ex. : diminution de l'utilisation du chauffage), optimisation sur site via des outils digitaux.

En résumé, il existe de nombreuses sources d'énergies renouvelables, pas uniquement électriques.
Si l'éolien et le solaire ne sont pas les énergies renouvelables les plus développées, ils ont un gros potentiel encore inexploitée.
Il n'existe pas de source d'énergie renouvelable idéale : elles ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients.
Petit à petit, les solutions techniques existantes trouvent progressivement leur place (si l'hydrogène, en tant que vecteur énergétique, n'est pas considéré comme une énergie renouvelable, il peut cependant être produit avec des énergies renouvelables). 

COMMENT AGIR ?

À titre individuel, nous pouvons diminuer notre consommation, devenir producteurs d'énergies renouvelables (panneaux solaires, pompes à chaleur), nous approvisionner en énergies renouvelables (électricité verte, gaz vert), modifier nos usages pour permettre une bascule vers les renouvelables (voiture électrique, pilotage de ses consommations en fonction des besoins du réseau, tri des biodéchets, financement participatif de projets renouvelables, communauté d'énergies, etc.)

Chacun peut agir à son niveau, mais ne l'oublions pas, 

la meilleure des énergies est celle que l'on ne consomme pas.


Article de Noëlle Saugout-Septier
Fondatrice de LAEO
Membre des JNE


15 novembre 2023

Bienveillance paysanne

 



Algues vertes, gaz à effet de serre, déforestation, recul de la biodiversité, réchauffement climatique... Et tant d’autres maux imputés à l’élevage ! L’animal de ferme, notre bienfaiteur nourricier, serait-il devenu l’ennemi Numéro 1 de la vie sur Terre ?

Le réalisateur Oliver Dickinson a voulu le vérifier en parcourant la France (Aveyron, Gironde, Charente-Maritime, Loir-et-Cher, Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique), deux années durant, pour aller à la rencontre d’éleveurs adeptes de pratiques vertueuses et durables.

Dans son documentaire Bienveillance paysanne sorti en salle le 15 mars, il aborde des sujets qui lui tiennent à cœur comme les collaborations homme/animal avec :

- des cochons pour entretenir les vergers,

- des poules en alternative aux insecticides,

- des vautours des Causses comme équarrisseurs naturels,

- des brebis landaises pour la tonte,

- des chèvres des Pyrénées pour débroussailler et prévenir les feux de forêts,

- et l’élevage de races anciennes (moutons de Belle Île ou vaches de Froment) pour éviter leur extinction.

Il met également l’accent sur l'agroforesterie et le pâturage. Replanter des arbres et des haies afin de contenir l'eau pour les vaches laitières fait partie des solutions naturelles contribuant à la biodiversité, domestique ou sauvage, et à la sauvegarde de notre planète.

Bienveillance paysanne a été présenté le mercredi 7 juin au Parlement Européen, « avec la hâte de semer autant de graines que possible, grâce au documentaire, en soulignant à quel point il est important de soutenir les formidables pratiques écologiques présentes dans le film (entre autres), ainsi que tous les éleveurs (et agriculteurs en général) qui se battent, souvent avec trop peu de moyens, pour offrir une alimentation plus saine et riche de sens ! » déclare Oliver Dickinson.


Portrait d'un réalisateur engagé

Né à Londres en 1980, Oliver Dickinson est un documentariste franco-britannique.
Auteur de films d’inspiration sociale et écologique : Un lien qui nous élève et Des locaux très motivés, Bienveillance paysanne est son troisième long-métrage. Son style cinématographique a été reconnu par de nombreux festivals internationaux et récompensé par une trentaine de prix.

Ayant grandi dans la région toulousaine entouré de champs, de fermes et de vaches qui l'ont profondément  marqué, il a souhaité associer sa passion du cinéma-documentaire à ses valeurs de respect du vivant, de l'animal, de l'humain et de l'environnement.

"Les techniques agricoles employées par certains agriculteurs et l'utilisation massive des pesticides sont des facteurs d'accélération de la destruction de notre planète, explique-t-il. S'ajoute à cela la PAC (politique agricole commune) qui ne s'adapte pas à notre environnement."

Il y a dix ans, il rencontre des Aveyronnais motivés par le circuit court et le bien-être animal. Il décide de défendre ce type d'élevage en parallèle avec l'éleveur pollueur afin qu’il n’y ait pas d’amalgames entre les deux.

Par souci d'indépendance, Oliver Dickinson a lui-même financé la réalisation de son documentaire et géré sa distribution en salle.

Accueillons-le les bras ouverts pour que sa bienveillance envers les pratiques durables de l'agriculture et de l'élevage gagne tous les cœurs.  


Noëlle Saugout-Septier

Fondatrice de LAEO
Membre des JNE

06 novembre 2023

Prévention de l'exploitation en temps de guerre et de conflit armé

 

Lawrence Anthony à Bagdad en 2003

Les dégâts causés à l'environnement en temps de conflit armé perturbent les écosystèmes et compromettent les ressources naturelles longtemps après la fin des hostilités.

Ils ont aussi des effets qui s'étendent et se prolongent bien au-delà des limites des territoires nationaux et qui auront des conséquences pour les générations futures.

Voilà pourquoi les Nations Unies ont décrété, en 2001, une Journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé.

Si les civils ont droit à la protection de l'armée, l'environnement est relégué au second plan, voire totalement oublié.

En 2003, lorsque Lawrence Anthony, le fondateur de LAEO, apprend que la ville de Bagdad est bombardée, il s'organise pour partir sauver les animaux du plus grand zoo du Moyen-Orient.


"Je ne connaissais rien à l'Irak, ni à la politique de la guerre, mais je savais que, dans tout conflit humain, les animaux souffrent horriblement. Incapables de fuir, de se défendre ou de se nourrir, ils agonisent de soif et de faim, enfermés dans leur cage", écrit-il dans son livre L'Arche de Babylone, l'incroyable sauvetage du zoo de Bagdad en se remémorant la mort des animaux du zoo pendant la guerre, au Koweit, au Kosovo ou encore en Afghanistan.


Six semaines plus tard, après avoir réussi l'exploit de sauver les derniers animaux encore en vie à son arrivée, et permis aux Irakiens et aux Américains de s'unir au nom du respect et de l'amour des animaux, Lawrence repart l'esprit tranquille, le zoo ayant été repris en main pas les Irakiens à qui il faisait entièrement confiance.



De retour en Afrique du Sud, il comprend qu'il doit aller plus loin pour contrer "la relation presque suicidaire de l'humanité avec la nature" et décide d'agir sur le long terme. Il fonde "The Earth Organization", une association de protection de l'environnement afin de favoriser les comportements éthiques envers la planète.

Il contacte les Nations Unies pour leur proposer une résolution afin de protéger l'environnement en zones de conflit, mais celle-ci doit être soutenue par une pétition (toujours en cours). LAEO France rejoint alors le mouvement End Ecocide et signe alors la Charte de Bruxelles pour demander la création d'un tribunal international de conscience des crimes relatifs à la nature.

Depuis, pour l'association Terre Lawrence Anthony, le 6 novembre est devenue une journée qui célèbre non seulement la volonté de l'ONU à protéger les ressources naturelles en période de conflit, mais également les efforts de Lawrence Anthony pour créer une Agence internationale pour l'environnement "chargée d'assurer la survie de toutes les formes de vie dans tous les biotopes".

Une journée qui n'a jamais été autant d'actualité avec les guerres actuelles, en Russie, au Moyen-Orient, en Éthiopie et dans d'autres pays où les conflits meurtriers restent dans l'ombre. 

Pour soutenir l'association de Lawrence Anthony, cliquer sur HelloAsso.
Pour consulter nos autres blogs, cliquer sur LAEO Animal, LAEO Europe et Défense d'éléphants,

Article de Noëlle Saugout-Septier
Fondatrice de LAEO France
Membre des JNE


Article traduit en anglais sur :
https://laeo-europe.blogspot.com/2019/11/international-day-for-preventing.html






03 novembre 2023

Photographe nature, une passion, un métier

Sternes pierregarin © Gérard Mignard  
 

 

Dans son nouveau livre "Photographe nature, une passion, un métier", Christine Virbel Alonso , membre des JNE et experte UICN à la Commission Education Communication, a pris le parti de s'adresser aux photographes amateurs, ainsi qu'aux jeunes désireux de s'initier à la photo nature.

Préfacé par Philippe Debré, le président du Festival Sologne Nature Image, ce livre offre une véritable réflexion sur la façon de voir la nature et de la représenter à travers le 8e Art. 

De quelle nature parle-t-on ?
Où la trouver ?
Comment la photographier sans la déranger ?
Peut-on retoucher les clichés ou utiliser l'Intelligence Artificielle sans falsifier la nature ? 

Autant de questions que Christine Virbel Alonso a choisi de poser à cinq photographes, femmes et hommes, de différentes spécialités qui exposent dans ce livre leur vision de leur passion.

- Gilles Auroux, photographe de la faune sous-marine,
- Karine Bernardoux, photographe de la flore et de la faune française,
- Gérard Mignard, photographe de la faune des zones humides,
- Philippe Barbier, photographe du microcosme,
- Noëlle Saugout-Septier, photographe animalière, notamment de la faune africaine, et fondatrice de LAEO France.

"Et vous ? Quel photographe êtes-vous ?" demande l'autrice dans son dernier chapitre.
Le lecteur, en répondant aux quatorze questions qui lui sont posé, pourra cerner ses préférences et en faire son domaine de prédilection.

Devenez un porte-parole de la nature. Devenez photographe nature. 




21 septembre 2023

Le statut de protection du loup sur la sellette

Dessin de Ghislaine Letourneur

 Suite à la diffusion, le 4 septembre, du communiqué de la présidente de la Commission européenne Ursula Van der Leyen, annonçant l’ouverture d’une consultation « des communautés locales, scientifiques et toutes parties intéressées », LAEO France s'inquiète devant l'énoncé d'une révision du statut de protection du loup comme il est indiqué dans cet extrait :

« Sur la base des données collectées, la Commission se prononcera sur une proposition visant à modifier, le cas échéant, le statut de protection du loup au sein de l'UE et à mettre à jour le cadre juridique, à introduire, si nécessaire, davantage de flexibilité, à la lumière de l'évolution de cette espèce. »

En réponse, le collectif CAP loup dont LAEO fait partie, a envoyé ce jour un communiqué pour tenter de rectifier le tir (le mot vient à point), c'est-à-dire à stopper la "régulation" de la population de cet animal dont l'utilité a été prouvée en matière de biodiversité.

 

 

Madame la Présidente,

Dans un communiqué en date du 4 septembre 2023, vous annoncez l’ouverture d’une consultation pour collecter des données concernant les populations de loups et leurs impacts. Dans ce communiqué vous mentionnez la possibilité d’une révision du statut de protection de l’espèce loup.
Notre collectif de 40 associations pour la protection des loups en France, représentant plus de 200 000 citoyens, est extrêmement inquiet face à la possibilité d’une révision du statut de cette espèce encore menacée et l’introduction d’une plus grande flexibilité dans la gestion de ses populations à travers l’Union européenne. Afin d’alimenter les réflexions de la Commission européenne à ce sujet, CAP Loup souhaite porter à votre connaissance les
éléments de contribution suivants :

- Les loups n'ont pas besoin d'être "régulés" : ce sont de grands prédateurs et ils se régulent tout seuls. Il n'y a pas de prolifération de loups en France mais seulement une hausse des effectifs accompagnée d’une recolonisation de territoires. Cette hausse des effectifs n’a rien d’un raz de marée, il y a environ 1 100 loups en France contre 2 000 en Italie et 3 000 en Roumanie. Par ailleurs, malgré cette augmentation relative en 2022, en France, le niveau des attaques sur troupeau était le plus bas depuis 2018. C'est bien que les mesures de protection des troupeaux, quoique très imparfaites, finissent par produire un effet positif qu’il faut poursuivre et renforcer.
- Il y a une peur irrationnelle autour des loups. Peur que vous entretenez dans votre communiqué du 4 septembre en déclarant : “La concentration de meutes de loups dans certaines régions d'Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme”. Nous souhaitons vous appeler à davantage de modération dans vos propos et vous rappelons qu’aucune attaque sur les humains n’a été déclarée en France depuis son retour naturel il y a plus de 30 ans. En effet, les preuves scientifiques ont montré que les loups ne considèrent pas les humains comme des proies.

- Par ailleurs, on impute aux loups un certain nombre d’attaques qui n’en sont pas forcément, du fait du système de déclaration peu fiable et du manque de contrôle en France. Tout ceci entretient un climat anxiogène autour de l’ensemble de cette espèce, accusée de tous les maux alors que des mesures de protection, lorsqu’elles sont correctement mises en place, ont clairement fait leur preuve : chiens, clôtures conformes, présence humaine. En outre, de nouveaux moyens de protection sont développés et testés comme les colliers anti-loups. Comme l’indiquait Laure Mourey, éleveuse de chèvres dans le Vaucluse : "c'est moi qui accompagne mes animaux pour les faire pâturer, je reste avec eux, comme ça je n'ai pas de problème avec le loup".

- Effectivement, le problème du monde agricole ne vient pas de la présence des loups mais surtout du manque de diligence de la France en matière de protection des troupeaux malgré les budgets alloués. On constate ainsi que ce sont toujours les mêmes élevages qui concentrent l'essentiel des attaques. En Haute-Savoie, un rapport de 2021 montre qu'il y a une corrélation entre le nombre d’attaques et la faiblesse des protections (clôtures trop basses, mal électrifiées, chiens mal éduqués ou absents, aucune présence humaine etc). Il convient donc non pas de réviser le statut de l’espèce lupine mais bien de concentrer les efforts dans l’application de la réglementation actuelle, application qui est loin d’être optimale en France. Nous constatons ainsi un système de contrôle des moyens de protection extrêmement faible, notamment avant indemnisation : le système d’auto-évaluation est très souple et généreux, si bien qu’il ne permet pas d’avoir une vision exacte d’éventuels problèmes de cohabitation et du danger que représentent réellement les loups. Dans son avis sur le bilan du Plan National d’Action pour le Loup 2018-2023, le Conseil National pour la Protection de la Nature rappelle une fois encore la faiblesse des contrôles de terrain concernant la mise en place des moyens de protection, condition pourtant essentielle à l’autorisation des tirs létaux (6,3 % sur la période 2015-2018 dont 7,5 % non conformes, 4,2 % en 2021), et que le système d’indemnisation français, basé sur l’auto-déclaration est très généreux.

- Par ailleurs, il rappelle également que l’efficacité des tirs létaux n'a fait l’objet d’aucune validation scientifique ! Lorsqu’une meute est éclatée après la perte d’un de ses loups dominants, les autres individus sont désorientés. Vulnérables, désorganisés et inexpérimentés pour les plus jeunes, ils s’attaquent davantage aux troupeaux.
En mars 2021, la Commission européenne avait interrogé la France quant à sa politique de gestion des loups : avait-elle obtenu des réponses satisfaisantes permettant de considérer que la France a pris toutes les mesures afin de prévenir les dommages et de gérer convenablement le développement de ses populations de loups dans un objectif de
cohabitation avec les activités humaines ?

- Les loups appartiennent à une espèce indispensable à la bonne santé des écosystèmes de montagne. Ils limitent la propagation des maladies communes aux ongulés et aux animaux d’élevage en prédatant les animaux sauvages les plus faibles. Les loups sont les seuls prédateurs qui, lorsqu'ils chassent en meute, peuvent réguler des espèces comme les
sangliers (à qui l’on impute 80 millions d’euros de dégâts aux cultures chaque année).

- L’Union Européenne, dans son programme LIFE de lutte contre le changement climatique, mentionne clairement comme axe prioritaire : “le besoin de préserver la biodiversité, les milieux naturels en bonne santé” dès lors, comment est-il possible d’envisager oser revenir sur le statut des loups simplement pour répondre à la grogne du monde agricole, et balayer des années d’efforts de conservation pour reconstituer des populations de loups à travers l’Europe ?

Voici quelques propositions de CAP Loup dans le cadre national et européen :
- renforcer l’application du droit communautaire actuel en s’assurant du respect des conditions imposées en matière de protection des troupeaux et d’indemnisation;
- améliorer les moyens de protection des troupeaux avec le soutien de l’Union européenne : rehaussement les clôtures, voltage suffisant, formation obligatoire pour les chiens de protection ;
- accompagner les éleveurs techniquement : analyse de vulnérabilité (par exploitation ou par zone), formation à l'éthologie de l’espèce loup ;
- conditionner les subventions à une formation et une mise en place effective des moyens de protection (avec contrôles systématiques) ;
- ne plus faire reposer le système d’indemnisation sur du déclaratif seul mais l'effectuer après contrôle par un organisme indépendant.


CAP Loup est composé de 40 associations : voir https://www.cap-loup.fr/les-associations/